Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/158

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coopération qui existe entre nous, et que je considère comme établie, vous ne vous laissiez pas influencer, en ce qui vous regarde, par mes adversaires sur ce chapitre.

— J’espère n’avoir pas à me mêler de querelles religieuses, dit Lydgate, mais travailler utilement dans la voie que je me suis choisie.

— Ma responsabilité à moi, monsieur Lydgate, est d’une nature plus étendue. Il y a pour moi dans cette question un devoir sacré, tandis que, pour mes adversaires (j’ai de bonnes raisons de le dire), c’est une occasion de satisfaire un bas esprit d’opposition. Mais je ne démordrai pas pour cela d’un iota dans mes convictions, et je ne cesserai de me faire le représentant de cette vérité que détestent les générations dépravées d’aujourd’hui. Je me suis dévoué à cette entreprise de la réforme des hôpitaux, mais je vous avouerai hardiment, monsieur Lydgate, que je ne prendrais aucun intérêt aux hôpitaux, si je ne croyais pas qu’il y eût là autre chose encore, autre chose que la guérison des maladies du corps. Ma conduite a un autre mobile et, en face de la persécution, je ne le cacherai pas.

— Ici, nous différons certainement, répliqua Lydgate, qui ne fut pas fâché à ce moment même de voir ouvrir la porte et annoncer M. Vincy.

Ce personnage sociable et florissant était devenu plus intéressant à ses yeux depuis qu’il avait vu Rosemonde. Ce n’est pas qu’il eût pour sa part imaginé un avenir où leurs sorts fussent unis ; mais un homme se souvient naturellement avec plaisir d’une charmante jeune fille, et il ne demande pas mieux que de dîner dans une maison où il pourra la revoir. Avant qu’il eût pris congé de Bulstrode, M. Vincy lui avait fait cette invitation qu’il avait toujours différée jusque-là. Rosemonde avait insinué à déjeuner que son oncle Featherstone semblait avoir pris le médecin en grande faveur.