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CHAPITRE II


La conversation de M. Bulstrode avec sa femme amena sans doute le résultat désiré par M. Vincy car, le lendemain de bonne heure, une lettre arriva, que Fred put porter à M. Feathorstone comme la preuve réclamée.

Le vieillard gardait le lit ce jour-là, à cause du froid ; Mary n’étant pas au salon, Fred s’empressa de monter au premier et présenta la lettre à son oncle, qui, bien établi dans son lit, n’était pas moins disposé que de coutume à se réjouir de sa sagesse en se moquant de l’humanité. Il mit ses lunettes et contractant sa bouche dont les coins s’affaissèrent, il lut :

Je ne négligerai pas, en cette circonstance, de venir exposer ma conviction… — Pouah ! de quelles belles paroles le bonhomme se sert ! Il est plus éloquent qu’un commissaire-priseur… La conviction que votre fils Frédéric n’a obtenu aucune avance d’argent sur la garantie d’un legs promis par M. Featherstone… — Promis ? Qui a dit que j’aie jamais rien promis ?… Je ne promets rien ; je ferai des codicilles tant que j’en voudrai… — et que, considérant la nature d’un tel procédé, il serait déraisonnable de croire qu’un jeune homme de sens et de caractère l’eût employé… — Ah ! mais le bonhomme ne dit pas que vous soyez un jeune homme de sens et de caractère, remarquez bien cela, monsieur. — Quant à mon rôle dans je ne sais quel récit de cette nature, j’affirme n’avoir jamais rien dit qui pût faire croire que votre fils eût emprunté de l’argent sur la garantie d’aucune propriété devant lui revenir à la mort de Featherstone.