Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/216

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Et Lydgate, au grand amusement du vicaire, fut bien obligé d’accorder quelque attention aux collections.

— À propos de ce que vous disiez tout à l’heure sur ceux qui portent le harnais, commença Lydgate lorsqu’ils se furent assis, je me suis bien promis de n’en porter que le moins possible. C’est pourquoi j’ai résolu de ne rien tenter à Londres, au moins pas d’ici à quelques années. Tout ce que j’y ai vu de charlatanisme creux, pendant que j’y étudiais, m’a déplu. En province, les gens ont moins de prétention à la science et heurtent moins notre amour-propre. On n’y fait pas tant de mauvais sang et on peut suivre son chemin plus tranquillement.

— Oui, très bien, vous avez pris un bon élan, vous avez choisi votre vraie profession, le travail pour lequel vous étiez le plus fait. Il y a des hommes qui se trompent dans leur choix et qui s’en repentent trop tard. Mais ne soyez pas trop sûr de pouvoir garder toujours votre indépendance.

— Contre les liens de famille, voulez-vous dire ?

— Non, pas tout à fait cela. Sans doute ils rendent bien des choses plus difficiles. Mais une bonne épouse, une bonne femme, pas mondaine, peut réellement aider un homme en maintes circonstances, et contribuer à lui assurer son indépendance. Il y a un de mes paroissiens, par exemple, un excellent homme plein de mérite, qui, sans sa femme, ne serait peut être pas arrivé au point où il en est aujourd’hui. Connaissez-vous les Garth ? Je ne crois pas que ce fussent des clients de Peacock ?

— Non ; mais il y a une miss Garth chez le vieux Featherstone à Lowick.

— C’est leur fille, une fille accomplie.

— Très calme et réservée. Je l’ai à peine remarquée.

— Elle vous a remarqué, pourtant, elle, soyez-en sûr.

— Je ne comprends pas, dit Lydgate.

Il ne pouvait guère répondre : « Naturellement ! »