Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/220

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gâtent leurs relations avec leurs amis. Lydgate l’aimait de tout son cœur et ambitionnait son amitié.

Sous l’empire de ce sentiment, il continuait à écarter de son esprit la question du chapelain et à se persuader que non seulement l’affaire ne le regardait pas, mais que probablement il n’aurait pas l’ennui de se prononcer. Lydgate, occupé de l’aménagement intérieur du nouvel hôpital, avait avec M. Bulstrode de fréquentes consultations. Le banquier demeurait toujours convaincu qu’il pouvait compter sur Lydgate comme sur son bras droit, et il ne lui reparla plus directement de la décision qu’il y aurait à prendre bientôt entre Tyke et Farebrother. Cependant, lorsque Lydgate apprit que cette misérable affaire des chapelains était remise à un conseil des directeurs et des médecins, devant avoir lieu le vendredi suivant, il eut le sentiment désagréable qu’il devait enfin se décider. Une voix distincte au fond de son cœur lui disait que Bulstrode était premier ministre, et que l’affaire Tyke était pour lui l’occasion ou jamais d’obtenir au nouvel hôpital les fonctions à la perspective desquelles il lui en eût extrêmement coûté de renoncer. Ses observations confirmaient journellement l’assurance de M. Farebrother que le banquier ne se mettrait pas au-dessus des oppositions de parti. La pensée de ces maudites intrigues était la première à l’assaillir tous les matins à son lever. Il avait réellement à tenir comme une cour de justice en sa conscience. Sans doute il y avait bien des raisons valables à alléguer contre M. Farebrother. Il n’avait déjà que trop de choses sur les bras, considérant surtout le temps qu’il dépensait en occupations étrangères à sa profession ; puis ce fait, que le vicaire jouait pour gagner, revenait toujours à l’esprit de Lydgate pour le troubler dans ses perplexités.

M. Farebrother avait sans doute du plaisir à jouer ; il aimait à soutenir la théorie de l’utilité du jeu en société, à prétendre qu’en s’y portant davantage, l’esprit anglais y