ma dette et j’ai fait ce que j’ai pu. Et voilà que j’ai eu tout le guignon possible, une mauvaise affaire de cheval, — et je ne peux payer que cinquante livres. Je ne puis rien demander à mon père, je n’en tirerais pas un centime, et, quant à mon oncle, il m’a déjà donné cent livres il n’y a que quelques semaines. — Que puis-je donc faire ? — Votre père n’a pas d’argent de reste à mettre de côté, et votre mère sera obligée de donner les quatre-vingt-douze livres qu’elle avait épargnées, et elle dit qu’il y faudra en plus vos petites économies. Vous voyez quel… !
— Oh ! pauvre mère ! pauvre père dit Mary en même temps que ses yeux se remplissaient de larmes et qu’elle essayait de contenir un sanglot.
Elle regardait droit devant elle sans faire attention à Fred. Lui aussi garda le silence. Il se sentait plus misérable que jamais.
— Je donnerais tout au monde pour ne pas vous avoir fait cette peine, Mary, dit-il enfin. Vous ne pourrez jamais me pardonner.
— Et, si je vous pardonne, dit Mary avec emportement, cela rendra-t-il moins pénible à ma mère la perte de la somme qu’elle avait mis quatre ans à amasser en donnant des leçons, afin de pouvoir envoyer Alfred chez M. Harmer ? Trouveriez-vous cela agréable, même si je vous pardonnais ?
— Dites-moi ce que vous voudrez, Mary je mérite de tout entendre.
— Je ne veux rien vous dire, reprit Mary plus tranquillement ; ma colère ne sert à rien. Elle s’essuya les yeux, ferma son livre et alla prendre sa couture.
Fred la suivit des yeux, espérant rencontrer son regard et y trouver accès pour son repentir suppliant. Mais non ! Mary n’avait pas à se contraindre pour ne pas lever les yeux.
— Cela me fait de la peine, que votre mère se dépouille