Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/326

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étaient remuées en elle, et le jeune homme, dont la voix devenait plus douce pour lui parler, ne faisait qu’un avec le petit être inconnu qu’elle avait aimé avant sa naissance d’un amour nouveau pour elle.

— J’ai bon espoir, mistress Vincy, répondait Lydgate. Descendez avec moi pour nous entendre sur ce qu’il faut lui donner.

Il la mena ainsi jusqu’au parloir, où se trouvait Rosemonde, la forçant à se reposer un moment, lui faisant prendre par surprise un peu de thé ou de bouillon préparé d’avance. Il était d’intelligence avec Rosemonde dans ces petits complots ; il la voyait presque toujours avant d’entrer dans la chambre du malade, et, de son côté, elle s’informait auprès de lui de ce qu’elle pourrait faire pour sa mère. Sa présence d’esprit et la finesse avec laquelle elle saisissait les moindres allusions de Lydgate étaient admirables ; il ne faut donc pas s’étonner si la pensée de voir Rosemonde commençait à se mêler chez lui à l’intérêt qu’il prenait au cas de Fred, surtout lorsque la phase critique de la maladie fut passée et qu’il put être certain de la guérison. Tant que le danger subsistait, il avait conseillé de faire appeler le docteur Sprague qui eût préféré, pour son compte, rester neutre dans l’affaire Wrench. Mais, après deux consultations, la suite du traitement demeura confiée exclusivement à Lydgate, et tous les motifs se réunirent pour lui permettre d’être plus assidu dans la maison. Matin et soir, il était chez M. Vincy, et peu à peu ses visites devinrent plus gaies, à mesure que Fred, revenant à la santé, avait plus besoin d’être gâté, en même temps qu’il se rendait mieux compte des soins qu’on lui prodiguait. Aussi mistress Vincy avait-elle le sentiment qu’après tout cette cruelle maladie avait préparé une nouvelle fête à sa tendresse.

Père et mère trouvèrent encore une raison de plus de se réjouir dans les messages que le vieux Featherstone envoya