Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/436

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de la vôtre. Mais peut-être serez-vous un peu honteux de moi, j’oubliais cela.

Lydgate lui sourit tendrement et même accepta l’idée que le plaisir orgueilleux de faire voir une si charmante fiancée valait bien quelque sacrifice. Et il commença à penser qu’il aimerait à revoir avec Rosemonde les lieux de son enfance.

— Je lui écrirai, alors, mais mes cousins sont de vraies corvées.

Il semblait magnifique à Rosemonde de pouvoir parler si légèrement de la famille d’un baronnet, et elle était ravie de la perspective de pouvoir les traiter de même pour son compte.

Mais sa mère, quelques jours plus tard, faillit tout compromettre en disant :

— J’espère que votre oncle, sir Godwin, ne regardera pas Rosemonde avec dédain, monsieur Lydgate. Il ferait peut-être quelque chose de bien, j’ai idée. Un millier de livres ou deux ne comptent pas pour un baronnet.

— Oh ! maman s’écria Rosemonde en rougissant jusqu’au blanc des yeux ; et Lydgate la plaignit tant qu’il garda le silence, et s’en alla, à l’autre bout de la chambre, examiner une gravure avec intérêt, comme s’il n’eût rien compris et rien entendu.

Maman reçut ensuite une petite leçon filiale et se montra soumise comme toujours. Mais Rosemonde se dit que, si jamais quelqu’un de ses cousins les aristocrates, qu’on appelait des « corvées », venait à passer à Middlemarch, il verrait dans sa famille à elle bien des choses qui pourraient les choquer. Aussi lui semblait-il désirable que Lydgate obtînt tôt ou tard quelque belle situation ailleurs, et ce ne pouvait être une chose bien difficile pour un homme qui avait un oncle titré, et qui était engagé dans des travaux scientifiques. Lydgate, vous le voyez, avait