Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/455

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« Cher monsieur Ladislaw (il l’avait, jusque-là, toujours appelé Will),

» Mistress Casaubon m’apprend qu’on vous a fait une proposition, qui, autant que j’en puis juger, a été en quelque sorte accueillie par vous, et qui implique votre résidence dans ces environs à un titre qui, j’ai le droit de le dire, touche ma propre situation ; il la touche même à un point, qu’il est non seulement naturel et justifiable de ma part, quand j’en considère les effets sous l’influence de mes sentiments légitimes, mais encore que ma responsabilité me fait un devoir de vous avertir, dès aujourd’hui, que vous m’offenseriez grandement en acceptant la proposition mentionnée plus haut. Nulle personne raisonnable, connaissant la nature des rapports qui existent entre nous, ne contesterait, j’en suis sûr, mon droit d’exercer un veto dans cette circonstance : votre récent procédé a bien pu rejeter ces rapports au passé, mais il n’a pu faire qu’ils n’existent point, en tant qu’antécédents. Je ne ferai ici de réflexions sur le jugement de personne. Je me contenterai de vous indiquer qu’il y a certaines convenances et certaines règles sociales qui s’opposent à ce qu’un de mes proches parents acquière dans le voisinage une façon de notoriété, grâce à un emploi non seulement bien au-dessous de ma position, mais associé, pour ne rien dire de pire, à cette espèce de demi-savoir d’aventuriers littéraires ou politiques. Dans tous les cas, une décision contraire de votre part vous fermerait nécessairement ma porte dès aujourd’hui.

» Votre dévoué,
» ÉDOUARD CASAUBON. »