Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/505

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derniers à attendre que pareille requête leur arrive, soit en prose, soit en vers. La copie, au cas présent, avait plus de ressemblance extérieure avec la mare, les traits de grenouille accompagnés de joues aux fraîches couleurs et de formes arrondies étant des charmes appréciés dans le beau sexe par un certain nombre d’admirateurs.

Les traits caractéristiques de la grossièreté de M. Rigg Featherstone étaient tous du genre sobre, buveur d’eau. Depuis les heures les plus matinales jusqu’aux plus avancées de la journée, il était toujours aussi lisse, aussi froid que la grenouille à laquelle il ressemblait, et le vieux Pierre s’était secrètement réjoui de ce rejeton plus calculateur peut-être et beaucoup plus imperturbable encore que lui-même. J’ajouterai que ses ongles étaient irréprochables et qu’il comptait épouser quelque jeune demoiselle bien élevée, agréable de sa personne, tenant sans conteste la bonne classe moyenne. Aussi bien ses ongles et sa modestie étaient-ils comparables à ceux de la plupart des gentlemen, bien que son ambition n’eût eu, pour éclore et se développer, qu’une existence de commis dans d’infimes maisons de commerce d’un port de mer.

Les abords de la maison sur lesquels donnaient les deux fenêtres du parloir de Stone-Court n’avaient jamais été mieux soignés qu’aujourd’hui, où M. Rigg Featherstone, les mains derrière le dos, contemplait ses domaines en maître. Mais on ne pouvait savoir s’il les regardait par amour de la contemplation ou pour tourner le dos à un personnage qui se tenait debout au milieu de la chambre, les jambes écartées et les mains dans ses poches, personnage qui, sous tous les rapports, formait un contraste frappant avec le lisse et froid Joshua Rigg. C’était un homme d’une soixantaine d’années, aux moustaches épaisses et grisonnantes, aux lourds cheveux crépus, florissant d’embonpoint, laissant voir à leur désavantage les coutures quelque peu usées de