Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/506

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ses habits, avec l’air d’un gaillard qui viserait à se faire remarquer pendant un feu d’artifice.

Son nom était John Raffles. La saveur de son esprit aussi bien que son extérieur exhalait une vieille odeur de chambre de commis voyageur de dernier ordre.

— Allons, voyons, Josh ! disait-il d’une voix retentissante, considérez la chose dans ce sens-là. Voilà notre pauvre mère qui s’enfonce dans la vallée des ans, et vous êtes en état de lui donner un peu de confort.

— Pas, tant que vous vivrez. Rien ne sera capable de lui donner du confort tant que vous vivrez, repartit Rigg de sa voix froide et aiguë. Tout ce que je lui donnerai, c’est vous qui le prendrez.

— Vous gardez une dent contre moi, Josh, je le sais ; mais voyons maintenant, d’homme à homme, sans blaguer ; un petit capital me permettrait de faire du magasin un établissement numéro un. Le commerce du tabac est en train de monter. J’y resterai cramponné, voyez-vous, comme une mouche à une toison, quand ce ne serait que pour ma propre fortune. Je serais toujours sur les lieux et rien ne pourrait rendre votre pauvre mère plus heureuse. Je veux m’établir désormais au coin de mon foyer, et, une fois attelé au commerce du tabac, j’y apporterais une dose d’intelligence et d’expérience qu’on ne trouverait pas facilement ailleurs. Je ne veux pas vous tracasser tous les jours que Dieu fait, mais seulement faire entrer, une fois pour toutes, les choses dans leur véritable voie. Réfléchissez à cela, Josh, d’homme à homme, et votre pauvre mère que vous pourriez rendre heureuse pour le reste de ses jours ! J’ai toujours aimé cette vieille femme, par Jupiter !

— Avez-vous fini ? dit tranquillement M. Rigg, sans se détourner de la fenêtre.

— Oui, j’ai fini.

— Alors, écoutez-moi, je vous prie. Plus vous me répé-