Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/172

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Le regard de Christy se porta de ses genoux râpés au superbe pantalon blanc de Fred. Le costume de Fred rappelait à coup sûr la supériorité d’une université anglaise, et il mettait de la grâce jusque dans sa façon d’avoir chaud et de rejeter ses cheveux en arrière avec son mouchoir.

— Enfants, laissez-nous, dit mistress Garth, il fait trop chaud pour rester ainsi accrochés à ses amis. Allez montrer les lapins à votre frère.

L’aîné comprit et emmena les enfants.

Fred devina que mistress Garth voulait lui donner l’occasion de dire ce qu’il avait sur le cœur ; mais le commencement était difficile.

— Comme vous devez être heureuse d’avoir Christy !

— Oui, il est venu plus tôt que je ne l’attendais. Il est descendu de la voiture de poste à neuf heures, tout juste après que son père venait de sortir. Je suis impatiente de voir rentrer Caleb, pour qu’il sache les merveilleux progrès que fait notre enfant. Il a payé ses dépenses de l’année dernière en donnant des leçons tout en poursuivant de fortes études. Il espère trouver bientôt une position de précepteur dans une famille et aller à l’étranger.

— C’est un grand garçon, dit Fred pour qui ces vérités réjouissantes avaient une saveur de médecine, et il n’est une cause de peine pour personne.

Après une courte pause, il ajouta :

— Mais moi, je crains que vous ne me considériez comme une grande cause de peine pour M. Garth.

— Caleb aime à prendre de la peine ; c’est un de ces hommes qui en font toujours plus qu’on n’eût songé à leur en demander, répondit mistress Garth. Elle tricotait et pouvait indifféremment regarder ou ne pas regarder Fred, ce qui est toujours un avantage, lorsqu’on est résolu à exécuter une charge de paroles d’une signification salutaire ; et, bien que mistress Garth eût l’intention de ne pas trop se laisser