Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/173

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aller, elle désirait dire certaines choses qui ne pouvaient que profiter à Fred.

— Je sais que vous ne m’en trouvez pas digne, mistress Garth, et pour de bonnes raisons, dit Fred. Le hasard a voulu que j’agisse justement de la pire manière envers ceux dont je désire obtenir le plus au monde. Mais tant que deux hommes comme M. Garth et M. Farebrother n’ont pas désespéré de moi, je ne vois pas pourquoi j’en désespérerais moi-même. Fred pensait qu’il ne faisait pas mal de citer ces exemples masculins à mistress Garth.

— Assurément. Un jeune homme, pour qui deux aînés comme ceux-là se sont dévoués, serait certainement coupable s’il renonçait à faire quelque chose de lui-même et s’il ne s’efforçait de profiter de leurs sacrifices.

Fred s’étonna un peu de ce langage énergique, mais il répondit seulement :

— J’espère qu’il n’en sera pas ainsi avec moi, mistress Garth, maintenant que j’ai lieu de me flatter de pouvoir obtenir Mary. M. Garth vous en a parlé, n’est-ce pas ? Vous n’avez pas été surprise, je pense ?

— Pas surprise que Mary vous ait donné un encouragement ! reprit mistress Garth, tenant à rendre Fred plus attentif à ce fait, que les amis de Mary ne pouvaient pas le moins du monde avoir eu d’avance un tel désir, malgré tout ce que les Vincy pourraient supposer. Oui, je l’avoue, j’ai été surprise.

— Elle ne m’a jamais donné d’espoir, pas le moindre espoir, quand je me suis adressé à elle, dit Fred empressé à défendre Mary. Mais quand j’ai prié M. Farebrother d’intercéder pour moi, elle lui a permis de me dire qu’il y avait un espoir.

La puissance grondeuse qui avait commencé à s’éveiller dans le cœur de la mère ne s’était pas encore déchargée. C’était aussi par trop exaspérant (et son empire sur elle-