Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

son à Loamford. Vous avez vraiment l’air si distrait, quelquefois. On dirait que vous cherchez à voir à travers sa tête quelque chose qui serait derrière, au lieu de le regarder lui-même.

— Ma chère Rosy, vous n’exigez pas, j’espère, que je parle beaucoup à un âne aussi infatué que celui-là, répondit Lydgate vivement. S’il lui arrivait de se casser la tête, je pourrais peut-être alors l’examiner avec intérêt, mais jusque-là point.

— Je ne puis concevoir pourquoi vous parlez de votre cousin avec tant de mépris.

— Demandez à Ladislaw s’il ne considère pas votre capitaine comme l’être le plus assommant qu’il ait jamais rencontré. Ladislaw a presque abandonné notre maison depuis son arrivée.

Rosemonde s’imaginait savoir parfaitement pourquoi M. Ladislaw n’aimait pas le capitaine : il était jaloux et elle était satisfaite de le voir jaloux.

— Il est bien difficile de dire ce qui plaît à des excentriques, répondit-elle. Mais, à mon avis, le capitaine Lydgate est un parfait gentleman, et il me semble que vous ne devriez pas, par respect pour sir Godwin, le traiter avec tant de légèreté.

— Non, chérie, mais nous avons donné des dîners en son honneur ; et il va et vient chez nous comme il lui plaît. Il n’a pas besoin de moi.

— Cependant, quand il est ici au salon, vous pourriez faire plus attention à lui, il peut ne pas être un phénix d’intelligence à votre point de vue, sa profession est différente, mais il n’en vaudrait que mieux pour vous de causer un peu de ses sujets à lui. Je trouve, moi, sa conversation tout à fait agréable, et il n’est rien moins qu’un homme sans principes.

— Le fait est que vous me voudriez un peu plus sem-