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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/185

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blable à lui, Rosy, dit Lydgate avec une sorte de murmure résigné et un sourire qui n’était pas absolument tendre et certainement pas joyeux.

Rosemonde garda le silence et ne lui sourit pas en retour ; mais les courbes délicieuses de son visage n’avaient pas besoin de sourire pour montrer suffisamment de grâce.

Ces paroles de Lydgate étaient comme une triste pierre de touche, marquant combien il avait déjà fait de chemin depuis le pays des rêves, où Rosemonde Vincy lui apparaissait comme le type accompli de la femme qui révérerait l’intelligence de son mari à la façon d’une ravissante sirène, ne peignant ses cheveux devant son miroir et ne chantant sa chanson, que pour le seul délassement de sa science adorée.

On pourrait croire que Rosemonde aussi avait fait du chemin, depuis le temps où elle trouvait si parfaitement ennuyeuse la conversation de M. Ned Plymdale ; mais pour la plupart des hommes, il existe une stupidité qui n’est pas supportable, et une autre stupidité tout à fait acceptable, (sans cela, que deviendraient en vérité les liens sociaux ?) La stupidité du capitaine Lydgate s’accompagnait de parfums délicats, s’exerçait avec un certain « genre, » s’exprimait dans un joli langage et était étroitement apparentée avec sir Godwin. Rosemonde le trouvait tout à fait agréable et retint plusieurs de ses locutions.

Rosemonde, nous le savons, aimait beaucoup l’équitation, et elle fut naturellement très tentée de s’y remettre, quand le capitaine Lydgate, qui s’était fait suivre de deux chevaux, la supplia de monter à ses côtés le gris pommelé, dont il lui garantit la douceur, et l’habitude, lui dit-il, à être monté par des dames. Il l’avait d’ailleurs acheté pour sa sœur et le menait à Quallingham. La première fois, Rosemonde sortit sans le dire à son mari et rentra avant son retour. Mais cette promenade à cheval fut un tel succès et elle assura qu’elle s’en trouvait tellement mieux, qu’elle en informa Lydgate,