Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

certaine d’obtenir son consentement pour recommencer.

Lydgate, au contraire, se montra plus que mécontent et absolument confondu qu’elle se fût risquée sur un cheval étranger, sans consulter ses désirs à lui. Après les premières et presque tonnantes exclamations qui avertirent suffisamment Rosemonde de ce qui allait suivre, il demeura silencieux pendant quelques instants.

— Du moins, vous êtes rentrée saine et sauve, dit-il enfin d’un ton décisif. Vous ne recommencerez plus, Rosy, cela va sans dire. Quand ce serait le cheval le plus doux et le plus tranquille, il y aurait toujours la chance d’un accident. Et c’est pour cela, vous le savez très bien, que je ne voulais plus vous voir monter le cheval rouan.

— Mais il y a aussi des chances d’accident dans la maison. Tertius.

— Ma chérie, ne dites pas de sottises, reprit Lydgate d’une voix suppliante. C’est évidemment à moi de juger pour vous. Il me semble que cela suffit, si je vous dis de ne plus le faire.

Rosemonde était en train d’arranger ses cheveux pour le dîner, et l’image de sa jolie tête dans la glace ne révéla nul changement dans sa grâce séduisante, si ce n’est un petit mouvement imprimé de côté à son long cou. Lydgate, qui s’était promené de long en large, les mains dans les poches, s’arrêta alors auprès d’elle, comme s’il attendait quelque promesse de sa part.

— Voulez-vous bien m’attacher mes cheveux, mon ami ? dit Rosemonde, laissant tomber ses bras avec un petit soupir qui devait rendre un mari honteux de rester là debout comme une brute.

Lydgate de ses longs doigts finement modelés avait déjà souvent attaché ces tresses blondes.

Il en releva adroitement les douces ondulations et les assujettit par un grand peigne ; et comment alors ne pas em-