Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/202

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ton d’autorité. À quoi bon donner une explication qui ne servirait à rien ?

— Si nous quittions Middlemarch, il y aurait naturellement une vente du mobilier, et cela vaudrait autant.

— Mais nous ne quitterons pas Middlemarch.

— Je suis sûre, Tertius, que cela vaudrait beaucoup mieux. Pourquoi n’irions-nous pas à Londres, ou bien près de Durham où votre famille est connue ?

— Nous ne pouvons aller nulle part sans argent, Rosemonde.

— Vos amis ne voudraient pas vous voir sans argent. Et certainement, en faisant des représentations raisonnables à ces odieux fournisseurs, vous pourriez leur faire comprendre cela et les décider à attendre.

— Tout cela est oiseux, Rosemonde, reprit Lydgate avec colère. Vous devez apprendre à vous soumettre à mon jugement dans les questions que vous ne comprenez pas. J’ai fait les arrangements nécessaires et il faudra qu’ils soient exécutés. Quant à des amis, je n’ai rien à en attendre et je ne leur demanderai rien.

Rosemonde demeura immobile sans mot dire. Elle songeait seulement que, si elle avait pu prévoir la conduite de Lydgate, elle ne l’aurait jamais épousé.

— Nous n’avons pas de temps à perdre maintenant en paroles inutiles, chérie, dit Lydgate, s’efforçant de devenir plus doux. Il y a certains détails que je désire examiner avec vous. Dover m’a dit qu’il serait disposé à reprendre une bonne partie de la vaisselle plate et tous les bijoux que nous voudrons. Il se conduit vraiment très bien.

— Allons-nous nous passer de cuillers et de fourchettes, alors ? dit Rosemonde dont les lèvres semblaient s’amincir en même temps que ses paroles devenaient plus faibles.

Elle était résolue à ne pas faire de plus longue résistance ou de nouvelles insinuations.