Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/239

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tance, dit sir James, ne tenant pas à ce que mistress Cadwallader comprît trop bien. Seulement, il faut faire entendre à Dorothée qu’il y a telles raisons pour lesquelles elle ne doit plus le recevoir, et je ne puis réellement pas le lui dire ainsi. La chose se fera plus facilement, venant de vous.

Elle se fit très facilement, en effet. Quand Dorothée quitta Caleb et vint à leur rencontre, il se trouva que mistress Cadwallader avait traversé le parc par le plus simple des hasards, tout juste pour bavarder avec Célia de son bébé en bonne mère de famille.

— Et M. Brooke allait donc revenir ! Délicieux ! Et il fallait espérer qu’il revenait bien guéri de la fièvre parlementaire et des affaires du Pionnier. À propos du Pionnier, quelqu’un avait prophétisé qu’on allait le voir bientôt, comme un dauphin expirant, passer par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, faute de savoir que devenir maintenant que le jeune protégé de M. Brooke, le brillant Ladislaw, était parti ou sur le point de partir. Sir James le savait-il ?

Ils marchaient tous trois lentement le long des allées, et sir James, se détournant pour frapper un arbuste d’un coup de sa cravache, répondit qu’il avait bien entendu dire quelque chose de semblable.

— Absolument faux ! reprit mistress Cadwallader. Il n’est ni parti ni apparemment sur le point de partir. Le Pionnier garde sa couleur et M. Orlando Ladislaw est en train de faire un beau scandale gros bleu, en roucoulant tout le jour avec la femme de votre M. Lydgate, une bien jolie femme, à ce qu’on dit. Il paraîtrait qu’on n’entre jamais dans la maison sans trouver le jeune homme étendu sur le tapis de la cheminée ou vocalisant au piano. Mais n’est-ce pas toujours un assez vilain monde que ces gens des villes d’industrie ?

— Vous avez commencé par dire qu’un de ces bruits était faux, mistress Cadwallader, et je crois que celui-ci ne