Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/258

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— Oh ! maman ! maman ! le petit homme a si fort tapé du pied qu’il n’a pu retirer sa jambe.

— Dieu vous bénisse, mon chérubin ! dit la mère. Vous me raconterez tout cela demain ; allez écouter l’histoire ! et tandis que ses yeux suivaient Louisa qui retourna vite au bienheureux petit coin, elle se dit que, si Fred la priait d’inviter Mary une autre fois, elle ne s’y opposerait pas, puisque les enfants étaient si heureux de l’avoir.

Mais le coin ne tarda pas à s’animer davantage encore, lorsque M. Farebrother entra et, s’asseyant derrière Louisa, la prit sur ses genoux ; sur quoi les petites filles insistèrent pour qu’il entendît Rumpelstiltskin, et que Mary le racontât encore une fois. Le vicaire insista à son tour, et Mary, sans embarras, recommença dans son langage simple, exactement dans les mêmes termes qu’auparavant. Fred, qui était venu s’asseoir auprès d’elle, eût ressenti un triomphe sans mélange à voir l’effet que produisait Mary, si M. Farebrother ne l’avait pas regardée tout le temps avec une admiration visible, tout en feignant, pour faite plaisir aux enfants, de prendre un vif intérêt au récit.

— Vous ne vous intéresserez plus jamais à mon géant qui n’a qu’un œil, Loo, dit Fred quand le récit fut achevé.

— Si vraiment. Racontez-nous son histoire, dit Louisa.

— Oh ! oui, maintenant ! Je suis absolument dépassé, demandez une histoire à M. Farebrother.

— Oui, ajouta Mary, demandez à M. Farebrother de vous raconter l’histoire des fourmis dont la belle maison a été détruite par un géant nommé Tom, qui s’imaginait que cela ne leur faisait rien, parce qu’il ne pouvait les entendre pleurer ni les voir se servir de leur mouchoir de poche.

— Oh ! s’il vous plaît s’écria Louisa en levant les yeux sur le vicaire.

— Non non, je suis un vieux et grave ecclésiastique. Quand j’essaye de tirer une histoire de mon sac, c’est un