Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/268

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vendre notre mobilier. Si le jeune Plymdale veut prendre la maison et la plus grande partie du mobilier, nous serons en état de payer cette dette-là ainsi que quelques autres, et nous serons débarrassés d’un logement trop coûteux pour nous. Nous pourrions prendre une maison plus petite : je sais que Trumbull en a une très convenable à louer pour trente livres par an, tandis que la nôtre est de quatre-vingt-dix.

Lydgate prononça ce petit discours de la façon catégorique et brève avec laquelle nous essayons généralement d’assujettir un esprit vague à des faits impérieux. Des larmes roulaient silencieusement le long des joues de Rosemonde ; de temps à autre, elle pressait son mouchoir contre son visage pour les essuyer et restait immobile à regarder le grand vase de la cheminée. C’était pour elle un moment d’amertume plus intense qu’elle n’en avait encore jamais ressenti.

Enfin elle dit sans précipitation et avec une énergie prudente :

— Je n’aurais jamais pu croire qu’il vous plairait de vous conduire ainsi.

— Me plaire ! s’écria Lydgate, quittant sa chaise, enfonçant ses mains dans ses poches et s’éloignant du foyer, ce n’est pas une question de plaire ou de ne pas plaire. Il va sans dire que cela ne me plaît guère ; mais c’est la seule chose que je puisse faire. Ici il tourna sur ses talons et se trouva en face d’elle.

— J’aurais cru qu’il existait bien d’autres moyens que celui-là, dit Rosemonde. Faisons une vente de notre mobilier et quittons pour tout de bon Middlemarch.

— Pour quoi faire ? Quelle est l’utilité d’abandonner mon travail à Middlemarch, pour aller là où je n’en ai point ? Nous serions sans le sou autre part, tout comme nous le sommes ici, répliqua Lydgate avec plus de colère encore.