Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/272

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préfère les idées sérieuses. Mais les Toller n’en ont pas moins bien accueilli Ned.

— C’est certainement un jeune homme très méritant et de bons principes, dit Rosemonde avec un petit air posé de protection, en retour des salutaires admonestations de mistress Plymdale.

— Oh ! il n’a pas le genre d’un capitaine de l’armée, ni cette espèce de tenue, qui vous donne l’air de considérer tout le monde comme au-dessous de soi, ni cette façon brillante de causer, de chanter, et tous ces talents intellectuels. Mais je sois reconnaissante qu’il ne les ait pas. C’est une pauvre préparation pour cette vie et pour l’autre.

— Oh Dieu, oui ! les apparences ont bien peu à faire avec le bonheur, dit Rosemonde. Il y a, je crois, tout lieu de penser que ce sera un heureux couple. Quette maison prendront-ils ?

— Oh, quant à cela, il faudra qu’ils s’arrangent de ce qu’ils pourront trouver. Ils ont visité la maison de la place Saint-Pierre, voisine de celle de M. Hackbutt ; elle lui appartient, et il est en train d’y faire des réparations très agréables. Je ne suppose pas qu’ils aient occasion de trouver mieux. En vérité, je crois que Ned décidera la question aujourd’hui.

— Il me semble que c’est une jolie maison ; j’aime bien la place Saint-Pierre.

— Oui, c’est près de l’église et dans une bonne situation. Mais les fenêtres sont étroites, et elle est toute eu hauts et en bas. Vous n’en connaîtriez pas une autre qui fût libre, par hasard ? dit mistress Plymdale, fixant sur Rosemonde le regard noir de ses yeux fonds animés d’une idée soudaine.

— Oh ! non, j’entends si peu parler de ces choses.

Rosemonde n’avait prévu ni la question ni la réponse, en partant pour faire sa visite ; elle n’avait voulu que recueillir des informations en vue d’éviter le danger d’avoir à aban-