Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/274

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fut pour s’informer si son mari était venu le matin entretenir M. Trumbull de son intention de se défaire de la maison.

— Oui, madame, oui, il est venu ; il est venu ici, dit le bon commissaire, tâchant de mettre quelque chose d’adoucissant dans cette répétition. Je me disposais à remplir ses ordres, si possible, cet après-midi. Il m’avait prié de ne pas différer.

— Je suis venue pour vous dire de ne pas aller plus loin dans cette affaire, monsieur Trumbull et je vous demanderai de ne pas parler de ce qui en a été dit. Voulez-vous avoir pour moi cette obligeance ?

— Certainement, je le veux, mistress Lydgate, certainement. Les confidences sont sacrées pour moi, en affaires comme en tout. Je dois donc considérer comme retirée la commission dont j’étais chargé ? dit M. Trumbull, rajustant ensemble de ses deux mains les longs bouts de sa cravate bleue, et attachant sur Rosemonde un regard respectueux.

— Oui, s’il vous plaît. Je viens d’apprendre que M. Ned Plymdale a pris une maison, la maison voisine de celle de M. Hackbutt, place Saint-Pierre. M. Lydgate serait fâché qu’on remplît ses ordres sans nécessité. Et il y a encore d’autres circonstances qui rendent cette proposition inutile.

— Très bien, mistress Lydgate, très bien. Je suis à vos ordres, quand il vous plaira de me demander un service, dit M. Trumbull qui éprouva quelque satisfaction à imaginer que de nouvelles ressources s’étaient présentées aux Lydgate. Comptez sur moi, je vous en prie. L’affaire n’ira pas plus loin.

Ce soir-là, Lydgate se sentit un peu tranquillisé en remarquant chez Rosemonde plus d’animation qu’elle n’en avait eu dans ces derniers temps ; elle semblait même attentive à rechercher ce qui pourrait lui plaire, sans qu’il le lui demandât. Il se dit : « Si elle est heureuse, et si je puis