Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/285

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dessus des abjects calculs, sans souci intéressé des sentiments ni de la bourse de ces gens, fier d’avoir dans sa vie un autre but que le leur, c’était lui qui maintenant tombait non seulement à leur niveau, mais plus bas encore, au point de les solliciter.



CHAPITRE III


Près de trois semaines de la nouvelle année s’étaient écoutées sans que le vieux sir Godwin Lydgate eût répondu à l’intéressant appel de Rosemonde, dont chaque jour voyait augmenter la déception. Lydgate, ignorant tout de son attente, voyait les notes grossir, avec la pensée que Dover pouvait d’un instant à l’autre user de son privilège sur les différents créanciers. Il n’avait jamais parlé à Rosemonde du projet qu’il nourrissait d’aller à Quallingham, ne voulant pas, avant que le dernier moment l’y forçât, avoir l’air de faire cette concession à ses désirs auxquels il s’était opposé avec tant d’indignation. Mais il pensait en réalité à partir prochainement. Un embranchement de chemin de fer lui permettait de faire le voyage et d’être de retour en quatre jours.

Un matin, après la sortie de Lydgate, il arriva une lettre à son adresse que Rosemonde reconnut pour être de sir Godwin. Elle était pleine d’espoir ; peut-être s’y trouvait-il renfermé pour elle un billet particulier, mais on s’adressait naturellement à Lydgate pour la question d’argent ou pour toute autre offre d’appui ; et le fait qu’on s’adressait à lui, voire même le délai qu’on avait mis à écrire, semblait attester que la réponse était absolument favorable. Rosemonde était trop agitée par ses pensées pour s’occuper d’autre chose que