Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/310

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de la ville dans les questions de bienfaisance cesseront d’être divisés.

M. Bulstrode s’arrêta de nouveau, cessant de regarder Lydgate, et abaissant ses yeux sur les boutons de son habit.

— Il n’est pas douteux que ce soit là un bon projet quant aux voies et aux moyens, dit Lydgate avec une pointe d’ironie dans l’accent. Mais vous ne pouvez vous attendre à ce que je m’en réjouisse dès l’abord ; le premier résultat que j’en vois, c’est que mes confrères vont se mettre en travers de mes méthodes, par la seule raison que ce sont les miennes.

— J’ai moi-même, vous le savez, monsieur Lydgate, hautement apprécié l’application que vous avez faite avec tant de zèle d’un système nouveau et indépendant. J’avais fort à cœur, je le confesse, notre plan primitif, tout en demeurant soumis à la volonté divine. Mais puisque les indications providentielles exigent de moi une renonciation, je renonce.

Bulstrode, dans cette conversation, faisait montre de facultés passablement exaspérantes. La métaphore interrompue et la singulière logique des raisons qui avaient excité le mépris de son auditeur, étaient tout à fait compatibles avec une manière d’établir les faits qui rendait difficile à Lydgate d’exhaler son indignation et son désappointement.

Après un court moment de réflexion il demanda simplement :

— Qu’a dit mistress Casaubon ?

— C’était là le nouveau point que je voulais vous exposer, répondit Bulstrode qui avait préparé dans toutes ses parties son explication ministérielle. Elle est, vous le savez, dans les dispositions les plus libérales et en possession, heureusement, non pas, je le crains, d’une grande fortune, mais de fonds dont elle peut aisément disposer. Elle m’a informé