Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/35

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Le mot charlatan une fois jeté en l’air ne pouvait manquer d’être ramassé.

— M. Bulstrode, ajoutaient quelques-uns, avait bien trouvé dans Lydgate l’homme qu’il lui fallait ; un charlatan de religion était fait pour aimer les autres espèces de charlatans.

Après cela, on répéta dans plusieurs quartiers de la ville que Lydgate ne craignait pas de jouer avec les plus respectables constitutions pour satisfaire ses projets ; et combien était-il donc plus probable encore, qu’avec ses expériences inconsidérées il mettrait sens dessus dessous les malades de l’hôpital ; sans compter qu’il fallait pour comble s’attendre, comme l’avait dit l’hôtesse du Hanap, à le voir, sans scrupules, découper leurs corps en morceaux.

Les choses en étaient là, quand Lydgate s’ouvrit à Dorothée de la question de l’hôpital. Nous avons vu qu’il supportait l’hostilité et les sottes et ridicules inventions de ses adversaires avec beaucoup de bonne humeur, sentant qu’elles venaient en grande partie de ses premiers succès.

— Ils ne me feront pas partir, dit-il en causant confidentiellement dans le cabinet de M. Farebrother. J’ai trouvé ici une bonne occasion d’accomplir les projets qui me tiennent le plus à cœur et je suis presque assuré d’arriver à un revenu qui suffira à nos besoins. J’avancerai peu à peu, le plus tranquillement possible. Je n’ai pas de séductions maintenant, qui m’appellent hors de chez moi ou de mon travail. Et je suis de plus en plus convaincu qu’il sera possible de démontrer l’homogénéité d’origine des tissus. Raspail et d’autres sont sur la même piste, moi j’ai perdu du temps.

— Je n’ai pas le pouvoir de prophétiser en ces matières, répondit M. Farebrother, qui avait aspiré pensivement quelques bouffées de sa pipe, pendant que Lydgate parlait ; mais, pour ce qui est de l’hostilité de la ville, vous en viendrez à bout, si vous êtes prudent.