Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/351

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même en pensée sur ce fait, qu’il avait toujours recommandé à Lydgate de se garer de tout amalgame personnel avec Bulstrode.

Il ajouta aussitôt :

— Bulstrode doit évidemment s’intéresser à la prospérité de vos affaires, après que vous avez travaillé avec lui de manière à réduire votre revenu plutôt qu’à l’augmenter. Je suis heureux de penser qu’il a agi dans cet ordre d’idées.

Lydgate se sentait mal à l’aise devant ces suppositions bienveillantes. Elles rendaient plus distinct à son esprit le sentiment pénible dont il avait ressenti les premières agitations vagues quelques heures auparavant, et qui lui disait que dans les raisons de Bulstrode pour passer si subitement de la plus froide indifférence à une telle générosité il pouvait n’y avoir eu qu’égoïste calcul. Il laissa passer les suppositions bienveillantes. Il ne pouvait pas raconter l’histoire de son emprunt ; mais elle lui était plus vivement présente que jamais, comme aussi ce fait, que, dans sa délicatesse, le vicaire avait laissé de côté, ce lien d’obligation personnelle envers Bulstrode que lui-même, Lydgate, avait été le plus résolu à éviter.

Au lieu de lui répondre il se mit à lui parler de ses projets d’économie et du point de vue différent d’où il en était venu à considérer sa vie.

— J’installerai une clinique de chirurgie, dit-il. Je crois réellement que je m’y suis mal pris. Et si cela ne fait rien à Rosemonde je prendrai un élève. Je n’aime pas ces choses-là, mais si on les accomplit consciencieusement, elles n’ont vraiment rien d’humiliant. J’ai eu une cruelle meurtrissure pour mon début ; cela fera paraître plus doux désormais les petits frottements.

Pauvre Lydgate ! Ce « si cela ne fait rien à Rosemonde », qu’il avait laissé échapper involontairement comme une partie de sa peine, était un indice significatif du joug qu’il