Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/40

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— C’est la plus grande profession du monde, Rosemonde, répliqua Lydgate gravement. Et me dire que vous m’aimez, sans aimer en moi l’homme médecin, c’est la même chose que de dire que vous aimez la pêche, mais que vous n’en aimez pas l’arôme. Ne dites plus cela, chérie, cela me fait de la peine.

— Très bien, docteur Grave-Visage, dit Rosy en montrant ses fossettes. Je déclarerai à l’avenir que je raffole de squelettes, et de déterreurs de cadavres, et de petits fragments contenus dans des fioles, et de querelles avec tout le monde, qui aboutiront à vous faire mourir misérablement.

— Non, non, pas si terrible que cela, dit Lydgate, renonçant à lui faire plus ample remontrance et se résignant à la caresser.



CHAPITRE IV


Tandis que Lydgate, marié sous d’heureux auspices et tout-puissant à l’hôpital, avait le sentiment qu’il luttait pour la réforme médicale contre Middlemarch, Middlemarch, de son côté, avait de plus en plus conscience de la lutte nationale qui s’élevait pour un autre genre de réforme.

— Les choses vont croitre et mûrir comme dans une année à comète, disait Will à M. Brooke. Le tempérament public va bientôt arriver à une chaleur de comète, maintenant qu’on a abordé la question de la réforme. Il y aura sans doute avant peu une nouvelle élection, et jusque-là Middlemarch se sera mis quelques idées de plus dans la tête. C’est au Pionnier et dans les meetings politiques qu’il nous faut travailler pour le moment.

— Bien dit, Ladislaw ; nous ferons ici de l’opinion