mit-elle son chapeau pour aller s’informer de ce qu’ils étaient devenus, sentant tout à coup comme une conspiration qu’on aurait formée pour la laisser dans l’isolement avec un mari disposé à blesser tout le monde.
C’était après l’heure du dîner, elle trouva son père et sa mère assis tout seuls au salon. Ils la reçurent avec de mélancoliques regards, disant : « Eh bien ! ma chère », et rien de plus. Elle n’avait jamais vu à son père un visage aussi abattu, et s’asseyant près de lui, elle demanda :
— Y a-t-il donc quelque chose qui vous ennuie, papa ?
Ce fut mistress Vincy qui répondit :
— Oh ! ma chère, n’avez-vous rien appris ? Vous ne tarderez pas à le savoir, quoi qu’il arrive.
— S’agit-il de Tertius ? dit Rosemonde devenant très pâle.
L’idée d’un nouvel ennui se rattacha immédiatement pour elle à ce qu’elle n’avait pu s’expliquer dans la conduite de son mari.
— Oui, ma chère, oui ! Penser que vous vous êtes mariée pour entrer dans tous ces soucis ! C’était déjà assez triste avec les dettes, mais cela est bien pire.
— Arrêtez, arrêtez, Lucy, s’écria M. Vincy. Dites-moi, Rosemonde, ne savez-vous rien de votre oncle Bulstrode ?
— Non, papa, répondit la pauvre enfant saisie et épouvantée, comme si le souci ne lui était pas une chose habituelle, mais quelque puissance invisible à l’étreinte de fer, sous laquelle son âme faiblissait intérieurement.
Son père lui apprit tout, ajoutant à la fin :
— Il vaut mieux que vous le sachiez, ma chère enfant. Je crois que Lydgate sera obligé de quitter la ville. Il a eu les circonstances contre lui. Je sais bien qu’il n’y pouvait rien ; je ne l’accuse d’aucun mal, dit M. Vincy. Il avait toujours été disposé jusque-là à s’en prendre à Lydgate.
Le coup fut terrible pour Rosemonde. Il lui semblait que