Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/407

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heureux. Ils continuèrent à vivre ainsi un jour après l’autre, chacun avec ses pensées, Lydgate allant à son travail dans une disposition de désespérance soumise, et Rosemonde trouvant non sans raison qu’il se conduisait cruellement. Il ne servait à rien de dire quoi que ce fût à Tertius, mais elle était résolue à tout dire à Will Ladislaw lorsqu’il reviendrait.

En dépit de sa réserve ordinaire, elle avait besoin de quelqu’un qui reconnût les torts qu’on avait eus envers elle.



CHAPITRE V


Quelques jours plus tard, Lydgate se rendait à cheval à Lowick-Manor où Dorothée l’avait prié de venir la voir. Ce n’était pas une invitation inattendue ; elle avait été précédée d’une lettre dans laquelle M. Bulstrode lui disait qu’il avait continué ses dispositions en vue de quitter Middlemarch, et qu’il devait rappeler à Lydgate et confirmer ses communications antérieures à propos de l’hôpital. Il était de son devoir, avant de faire de nouvelles démarches, de revenir sur ce sujet avec mistress Casaubon qui désirait d’abord en causer avec Lydgate. « Il est possible que vos projets aient subi quelque changement, écrivait M. Bulstrode ; mais, dans ce cas encore, il est désirable que vous vous en expliquiez avec elle. »

Dorothée attendait impatiemment son arrivée. Bien que, par déférence pour ses conseillers masculins, elle se fût abstenue de ce que sir James appelait « se mêler de l’affaire Bulstrode », l’injustice de la situation faite à Lydgate était constamment présente à sa pensée, et quand Bulstrode revint s’adresser à elle à propos de l’hôpital, elle