Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/477

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Elle s’était assise sur un tabouret bas, s’appuyant contre les genoux de son mari.

— Pour l’amour de Dieu, faites-nous connaître de quoi il s’agit, dit sir James.

— Eh bien ! vous savez, Chettam, je ne pouvais pas empêcher le testament de Casaubon ; et ce testament était fait pour empirer les choses.

— Oui, sans doute, interrompit vivement sir James. Mais qu’est-ce donc qui est pire ?

— Dorothée va se remarier, vous savez ; et M. Brooke faisait des signes de tête du côté de Célia, qui leva aussitôt sur son mari un regard effrayé, et posa sa main sur ses genoux.

Sir James était presque blanc de colère, mais il ne parla pas.

— Ciel miséricordieux ! dit mistress Cadwallader. Pas avec le jeune Ladislaw ?

M. Brooke fit un signe affirmatif :

— Oui, avec Ladislaw.

Puis il se renferma dans un silence prudent.

— Vous voyez, Humphrey ! dit mistress Cadwallader, agitant le bras du côté de son mari. Vous daignerez admettre une autre fois que je suis douée de quelque perspicacité ; ou plutôt non, vous me contredirez encore et resterez aussi aveugle que jamais. Vous supposiez que ce jeune gentleman avait quitté le pays.

Ainsi a-t-il pu faire et puis revenir.

— Quand avez-vous appris cela ? demanda sir James, n’aimant pas à entendre parler les autres, tout en trouvant difficile de parler lui-même.

— C’est hier, répondit faiblement M. Brooke. Je suis allé à Lowick ; Dorothée m’avait fait appeler. C’est arrivé tout à fait inopinément. Ni l’un ni l’autre n’en avait la moindre idée, vous savez. Il y a quelque chose de singulier