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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/478

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dans les événements. Mais Dorothée est tout à fait décidée. Il ne sert à rien de s’y opposer. Je lui ai tout exposé fortement. J’ai fait mon devoir, Chettam, mais elle est libre d’agir comme il lui plaît, vous savez.

— J’aurais mieux fait de le provoquer en duel il y a un an et de le tuer, dit sir James, poussé à cette extrémité, non par une humeur sanguinaire, mais par le besoin de manifester énergiquement.

— En vérité, James, cela eût été fort désagréable, dit Célia.

— Soyez raisonnable, Chettam. Envisagez l’événement avec plus de calme, conseilla M. Cadwallader, affligé de voir son excellent ami ainsi dominé par la colère.

— Cela n’est pas si facile à un homme qui a de la dignité et aussi quelque sentiment de justice, quand l’affaire se passe dans sa propre famille, dit sir James, toujours pâle d’indignation. C’est absolument scandaleux. Si Ladislaw avait eu une étincelle d’honneur, il aurait quitté le pays sur-le-champ, et n’y aurait jamais remontré son visage. Toutefois, je ne suis pas surpris. Le lendemain de l’enterrement de Casaubon, j’ai dit ce qu’il y avait à faire. Mais personne n’en a tenu compte.

— Ce que vous vouliez était impossible, vous savez, Chettam, repartit M. Brooke. Vous vouliez qu’on le fît embarquer. Je vous ai dit que Ladislaw ne se laisserait pas mener à notre guise ; il avait ses idées. C’est un garçon remarquable, j’ai toujours dit que c’était un garçon remarquable.

— Oui, dit sir James, ne pouvant réprimer une riposte. C’est précisément le malheur, que vous vous soyez formé de lui cette haute opinion. C’est à cela que nous devons qu’il se soit établi dans le pays. C’est à cela que nous devons de voir une femme comme Dorothée se dégrader en l’épousant. — Sir James s’interrompait de temps à autre