Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/81

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À ce moment de crise, on annonça Lydgate, et ses premières paroles furent celles-ci :

— Vous ne me paraissez pas aussi bien que vous l’étiez, mistress Casaubon, avez-vous été agitée ? permettez-moi de vous tâter le pouls.

La main de Dorothée était froide comme du marbre.

— Elle veut aller à Lowick examiner les papiers, dit Célia. Il ne faut pas qu’elle y aille ; dites, le permettez-vous ?

Lydgate ne répondit pas tout d’abord.

Puis, regardant Dorothée :

— Je ne sais vraiment pas, dit-il. À mon avis, mistress Casaubon doit surtout faire ce qui peut lui donner le plus de tranquillité d’esprit. Le repos ne vient pas toujours de ce qu’il ne nous est pas permis d’agir.

— Merci, dit Dorothée en prenant sur elle. Ce que vous dites est certainement plein de raison ; il y a tant de choses dont je devrais m’occuper. Pourquoi resterais-je ici inactive ?

Puis, faisant un effort pour revenir à des sujets étrangers à son agitation personnelle, elle ajouta brusquement :

— Vous connaissez tout le monde à Middlemarch, n’est-il pas vrai, monsieur Lydgate ? J’aurai bien des choses à vous demander. Il s’agit pour moi d’affaires sérieuses ; j’ai une cure à confier à quelqu’un. Vous connaissez M. Tyke et tous les…

Mais l’effort avait été trop violent, et Dorothée éclata en sanglots.

Lydgate lui fit respirer un flacon de sels.

— Laissez faire mistress Casaubon comme il lui plaira, dit-il à sir James qu’il avait demandé à voir avant de quitter la maison. Je crois qu’elle a plus besoin d’une parfaite liberté que de toute autre prescription.

Les soins qu’il avait donnés à Dorothée, pendant la crise qu’elle venait de traverser, lui avaient permis de former