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tress Casaubon. Il ne songeait, pour le moment, qu’à ce qui recommandait la famille Farebrother, et il avait insisté à dessein sur ce qu’on pouvait atténuer de pire contre le vicaire, afin de prévenir les objections. Il avait à peine vu le secrétaire intime de M. Brooke pendant les semaines qui venaient de s’écouler depuis la mort de M. Casaubon, et il n’avait rien entendu de nature à l’avertir qu’il y eût de ce côté un sujet dangereux à aborder avec sa veuve.

Après qu’il l’eut quittée, l’image de Ladislaw, telle qu’il l’avait fait paraître à ses yeux, demeura flottante dans l’esprit de Dorothée, détournant un peu ses pensées de la question de la cure de Lowick. Qu’est-ce que Will pouvait bien penser d’elle ? Apprendrait-il ce fait, dont la seule idée lui empourprait soudainement les joues, à elle qui ne rougissait pas d’ordinaire ; et que ressentirait-il en l’apprenant ? Mais ce qu’elle voyait aussi distinctement que possible, c’était la façon dont il souriait du haut de sa grande taille à la petite vieille fille. Un Italien avec des souris blanches ! — Lui, une créature qui entrait dans les sentiments de chacun et qui savait recevoir l’empreinte de la pensée des autres, au lieu de leur imposer la sienne avec la résistance du fer.



CHAPITRE IX


Aucun bavardage sur le testament de M. Casaubon n’était encore parvenu aux oreilles de Will Ladislaw : il n’était bruit que de la dissolution du Parlement et des élections prochaines, et on ne prêtait que peu d’attention aux rumeurs d’une nature plus intime. La fameuse « élection sèche » où les profondeurs du sentiment public pourraient se mesurer à la marée basse de la boisson, approchait. Will Ladislaw