Page:Eliot - Silas Marner.djvu/135

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C’était là un faible subterfuge, mais Godfrey n’aimait pas mentir, et, comme il ne savait pas assez qu’aucune sorte de duplicité ne peut prospérer longtemps, sans l’aide de paroles mensongères, il n’avait à sa disposition aucune défaite imaginée à l’avance.

« Vous ne savez pas ? je vais vous dire ce qu’il en est, monsieur. Vous avez fait des vôtres et vous avez acheté son silence, » dit le squire avec une pénétration subite. Godfrey tressaillit. Il sentit son cœur battre violemment en voyant que son père avait presque deviné. Cette alarme soudaine le poussa à faire un pas de plus, — une très légère impulsion suffit pour cela lorsque la voie est inclinée.

« Eh bien, mou père, reprit-il, — et il essayait de parler d’un ton facile et insouciant, — il y avait une petite affaire entre moi et Dunsey ; elle n’a aucune importance pour tout autre que lui et moi. Il ne vaut guère la peine de se mêler des folies des jeunes gens,… cela ne vous aurait nui en rien, mon père, si je n’avais pas eu la mauvaise chance de perdre Éclair. Je vous aurais remis l’argent.

— Des folies ! bah ! il serait, temps d’en finir avec les vôtres. Je voudrais vous apprendre, monsieur, qu’il faut réellement y mettre un terme, dit le squire, fronçant les sourcils et lançant à son fils un regard irrité. Vos beaux exploits ne sont pas de ceux pour lesquels je trouverai désormais de l’argent. Tenez, mon grand-père avait ses écuries remplies de chevaux ; sa table aussi était une bonne table, — et dans