Page:Eliot - Silas Marner.djvu/136

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des temps plus mauvais que le nôtre, — à ma connaissance du moins. Je pourrais faire de même, si je n’avais pas quatre vauriens qui se cramponnant à moi comme de grosses sangsues. J’ai été un père trop bon pour vous tous, voilà ce que c’est. Mais je serrerai la bride désormais, monsieur. »

Godfrey resta silencieux. Il n’était pas probable qu’il fût très pénétrant dans ses jugements ; toutefois, il avait toujours senti que l’indulgence de son père n’était pas de la bonté, et il avait soupiré vaguement après quelque discipline qui eût maîtrisé sa faiblesse vagabonde, et secondé ses meilleures intentions. Le squire mangea son pain et sa viande rapidement, et but une bonne gorgée de bière ; puis, il tourna le dos à la table, et reprit la parole.

« Ce sera tant pis pour vous, sachez-le ; mieux vaudrait pour vous essayer à m’aider à conserver ce que nous avons.

— Eh bien, mon père, je me suis souvent offert pour prendre la gestion des affaires, mais vous savez que vous avez toujours mal interprété la chose, et que vous avez paru croire que je voulais vous supplanter.

— Je ne me souviens point de vos offres, ni d’avoir mal interprété la chose, dit le squire, dont les souvenirs consistaient en certaines impressions vives que les détails n’avaient point modifiées ; ce que je sais, c’est qu’à une certaine époque, vous avez paru songer à vous marier, et je n’ai pas cherché à vous barrer le chemin comme quelques pères l’auraient fait. J’ai-