Page:Eliot - Silas Marner.djvu/161

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dans ces paroles aucun mot qui pût évoquer un souvenir de la religion qu’il avait pratiquée autrefois, et son esprit se trouvait tout à fait dérouté par l’usage qu’elle faisait du pronom pluriel. Ce n’était point une hérésie de Dolly, mais seulement sa manière d’éviter une familiarité présomptueuse. Marner resta silencieux. Il ne se sentait pas disposé à donner son assentiment à la partie du discours qu’il comprenait entièrement, — la recommandation d’aller à l’église. En vérité, Silas était si peu accoutumé à parler, excepté pour faire les questions et les réponses brèves indispensables à la négociation de ses petites affaires, que les mots ne lui venaient pas aisément, s’ils n’étaient point sollicités par un but déterminé.

Mais maintenant le petit Aaron, qui s’était accoutumé à la présence terrible du tisserand, venait de s’avancer à côté de sa mère, et Silas, paraissant l’apercevoir pour la première fois, essaya de payer de retour les marques de la bonté de Dolly, en offrant à l’enfant une part du gâteau. Aaron recula un peu, et se frotta la tête contre l’épaule de sa mère. Toutefois, il pensa que le morceau de gâteau valait la peine de tendre la main pour l’avoir.

« Oh, fi donc ! Aaron ! » dit Dolly, en le prenant sur ses genoux ; « mais, vous[1] n’avez pas besoin de gâteau avant quelque temps. Il a un

  1. Voyez, p. 43, note.