Page:Eliot - Silas Marner.djvu/162

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appétit merveilleux, » ajouta-t-elle avec un léger soupir, « merveilleux, Dieu le sait. C’est mon plus jeune, et nous le gâtons d’une façon déplorable ; car, soit moi, soit son père, il faut absolument que l’un de nous l’ait devant les yeux, — absolument. »

Elle caressa la tête brune d’Aaron, en pensant que la vue d’un tel amour d’enfant devait faire du bien à maître Marner. Mais celui-ci, assis de l’autre côté du foyer, ne voyait la figure rose aux traits bien distincts, que comme une boule obscure avec deux points noirs à la surface.

« Et il a une voix comme celle d’un oiseau, vous ne le croiriez pas, continua Dolly ; il sait chanter un noël que son père lui a appris. C’est pour moi un signe qu’il tournera bien, de voir qu’il peut apprendre les airs religieux si vite. Voyons, Aaron, levez-vous, et chantez votre noël à maître Marner, allons. »

Aaron, pour toute réponse, se frotta le front contre l’épaule de sa mère.

« Oh, c’est méchant, dit Dolly avec douceur. Levez-vous quand maman vous le commande, et donnez-moi le gâteau à tenir, jusqu’à ce que vous ayez fini. »

Il ne répugnait pas à Aaron de déployer ses talents, même devant un ogre, dans des circonstances où il se sentait en sûreté. En conséquence, après quelques autres signes de fausse honte, consistant principalement à se frotter les yeux avec le dessus de ses mains, et ensuite à regarder maître Marner entre ses doigts,