Page:Eliot - Silas Marner.djvu/189

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ressemblant beaucoup au grognement d’un cochon d’Inde, quand il contracte son museau et fait des monologues dans toute société indistinctement, — Mme Crakenthorp, dis-je, clignota de l’œil alors, et continua à s’agiter en se tournant vers le squire ; puis, elle répondit ; « Oh, non, vous ne m’offensez pas… »

Ce compliment expressif, adressé par le squire à Nancy, fui considéré par d’autres que Godfrey, comme ayant une portée diplomatique ; et le père de cette jeune fille se redressa un peu plus en la regardant à travers la table, avec une sérieuse satisfaction. Ce vieillard, grave et régulier dans ses habitudes, n’allait pas rabattre un iota de sa dignité, en paraissant gonflé d’orgueil à l’idée d’une union entre sa famille et celle du squire. Il était flatté de tout honneur rendu à sa fille ; néanmoins, il fallait qu’il vît un changement sous plusieurs rapports, avant d’accorder son consentement. Son corps maigre, mais robuste, et son visage ferme aux traits accentués, paraissant n’avoir jamais été coloré par les excès, formaient un contraste frappant, non seulement avec la personne du squire, mais avec celle des fermiers de Raveloe, en général, — ce qui s’accordait avec son dicton favori : « que la race l’emportait sur le pâturage ».

« Mlle Nancy ressemble étonnamment à sa défunte mère, tout de même, n’est-ce pas, Kimble ? » dit la grosse dame de ce nom, en cherchant des yeux son mari de tous côtés.