Page:Eliot - Silas Marner.djvu/196

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me disait toutes les fois que nous entendions cette musique : « Ah ! mon garçon, moi aussi, je viens « d’au delà des collines, de bien, bien loin. » Il y a beaucoup d’airs qui n’ont pour moi ni queue ni tête ; mais celui-là me parle comme le sifflement du merle. Je suppose que cela tient au nom : le nom d’un air dit beaucoup de choses. »

Mais Salomon brûlait déjà de préluder de nouveau, et, sans tarder, il attaqua avec entrain « Sir Roger de Coverley[1] ». Là-dessus, on entendit le bruit des chaises qu’on repoussait en arrière, et le rire des voix.

« Oui, oui, Salomon, nous savons ce que cela signifie, dit le squire, en se lovant. Il est temps de commencer la danse, n’est-ce pas ? Allez devant, nous allons tous vous suivre. »

Ainsi Salomon, penchant sa tête blanche d’un côté et jouant avec vigueur, s’avança suivi du gai cortège, vers le salon où une touffe de gui se trouvait suspendue. Une multitude de chandelles de suif étincelaient au milieu des rameaux de houx couverts de baies. Elles se réfléchissaient dans les glaces ovales à la vieille mode, fixées sur les panneaux des lambris blancs, et y produisaient un assez brillant effet. Cortège bizarre ! Le vieux Salomon, avec ses habits râpés et ses longs cheveux blancs, semblait entraîner cette honnête compagnie, aux accents magiques de

  1. Nom d’un air, d’une danse et d’une chanson populaires. (N. du Tr.)