Page:Eliot - Silas Marner.djvu/229

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trouvé une demi-guinée. Il la plaça dans la main de Silas, et se hâta de sortir de la chaumière pour rattraper M. Kimble.

« Ah, je vois que cette femme n’est pas celle que j’ai rencontrée, dit-il, lorsqu’il le rejoignit. La petite fille est charmante ; le vieux bonhomme semble vouloir la garder ; c’est étrange pour un avare comme lui. Mais je lui ai donné une bagatelle pour l’aider à se tirer d’affaire. Il n’est pas probable que la paroisse se querelle avec lui au sujet du droit de garder l’enfant.

— Non ; cependant il y a eu un temps où j’aurais cherché moi-même querelle à Marner pour l’avoir. Mais il est trop tard maintenant. Si l’enfant s’élançait dans le feu, votre tante a trop d’embonpoint pour la rattraper : elle ne pourrait que rester assise et grogner comme une laie effrayée. Mais que vous êtes sot, Godfrey, de sortir ainsi avec vos bas et vos souliers de bal, — vous, un des élégants de la soirée, d’une soirée qui se donne chez vous encore ! Que signifient de telles boutades, jeune homme ? Mlle Nancy a-t-elle été cruelle, et voulez-vous la contrarier en gâtant vos escarpins ?

— Oh, tout a été désagréable ce soir. J’étais harassé à mourir de sauter au bal et de faire l’aimable, ainsi que d’être assommé au sujet des « hornpipes ». Et il me fallait, par-dessus le marché, danser avec l’autre demoiselle Gunn, » dit Godfrey, content du subterfuge que son oncle lui avait suggéré.