Page:Eliot - Silas Marner.djvu/233

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Parmi les bonnes mères, Dolly Vinthrop était celle dont Silas Marner acceptait le plus volontiers les bons services, car elle les lui rendait sans faire d’embarras. Silas lui avait montré la demi-guinée du Godfrey, et lui avait demandé comment il devait s’y prendre pour procurer quelques vêtements à l’enfant.

« Oh, maître Marner, dit Dolly, vous n’avez pas besoin de vous procurer autre chose qu’une paire de souliers ; j’ai les petits jupons qu’Aaron portait il y a cinq ans, et ce serait mal employer l’argent que d’acheter des vêtements de bébé, vu que l’enfant va grandir comme l’herbe au mois de mai, — que le bon Dieu la bénisse, — soyez sûr de cela. »

Le même jour, Dolly apporta un paquet, et étala devant Marner, un à un, les tout petits vêtements, dans leur ordre naturel de succession. La plupart étaient rapiécés et reprisés, mais proprets et gentillets comme les plantes qui commencent à pousser.

Cela servit d’introduction à une grande cérémonie, pratiquée avec de l’eau et du savon, d’où Bébé sortit revêtue d’une nouvelle beauté. Assise ensuite sur les genoux de Dolly, l’enfant se mit à manier ses petits orteils, et à caresser ses menottes ou à les frapper l’une contre l’autre, paraissant avoir fait sur elle-même plusieurs découvertes qu’elle communiquait au moyen des sons alternatifs de « gug-gug-gug » et de « ma-ma». Le mot « ma-ma » n’était ni le cri du besoin ni celui du malaise. Bébé avait été accoutumée à le