Page:Eliot - Silas Marner.djvu/249

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baisers entrecoupés de sanglots. Ce ne fut qu’après l’avoir rapportée à la maison, et s’être mis à songer au lavage nécessaire, qu’il se rappela la nécessité de la punir « pour qu’elle s’en souvînt ». L’idée qu’elle pouvait s’enfuir de nouveau et se faire du mal, le poussa à une résolution extraordinaire, et, pour la première fois, il se détermina à recourir au charbonnier, petit placard situé près du foyer.

« Méchante, méchante Eppie, » commença Silas subitement, en la tenant sur ses genoux, et en lui montrant qu’elle avait les pieds et les habits couverts de boue, — « méchante, de couper avec les ciseaux et de s’enfuir. Il faut qu’Eppie aille dans le charbonnier, parce qu’elle a été méchante. Il faut que « pa-pa » l’enferme dans le charbonnier. »

Il croyait à moitié que ces paroles produiraient une secousse assez forte pour provoquer Eppie à pleurer. Au lieu de cela, elle commença à se trémousser sur les genoux de Marner, comme si la proposition lui offrait une nouveauté agréable. Voyant qu’il fallait en venir aux extrémités, il la mit dans le charbonnier, et tint la porte fermée, tremblant à l’idée qu’il employait une mesure extrême. Pendant le premier moment on n’entendit rien, mais il y eut ensuite un petit cri :

« Ouvé, ouvé ! » et Silas la fit sortir, en disant : « Maintenant Eppie ne sera plus méchante ; autrement, il faudra qu’elle aille dans le charbonnier, — dans le vilain endroit noir. »