Page:Eliot - Silas Marner.djvu/252

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être content d’échanger les compliments et de conclure les marchés avec lui le plus promptement possible ; toutefois, il fallait en même temps agir à son égard d’une façon propitiatoire, et, dans l’occasion, lui donner à emporter un présent de porc ou de produits du jardin, attendu que, sans son concours, il n’y avait pas moyen de faire tisser le fil. Mais maintenant, Silas rencontrait des visages francs et souriants, et on le questionnait avec autant de plaisir qu’une personne dont le contentement et les peines étaient susceptibles d’être compris. Partout, il lui fallait s’asseoir un peu et parler de l’enfant, et on était toujours disposé à lui adresser des paroles d’intérêt :

« Ah, maître Marner, vous aurez de la chance si elle attrape de bonne heure une légère rougeole, » — ou bien : « En vérité, il n’y a pas beaucoup d’hommes seuls qui eussent voulu adopter une petite enfant comme celle-là, mais je suppose que le tissage vous rend plus adroit que les hommes qui travaillent au dehors. Vous êtes presque aussi habile qu’une femme, car le tissage vient immédiatement après le filage. »

Des maîtres et des maîtresses de maison d’un certain âge, assis dans de grands fauteuils de cuisine, observaient de là les événements, et hochaient la tête au sujet des difficultés qu’il y avait à élever les enfants. Néanmoins, leur arrivait-il de tâter les jambes et les bras rondelets d’Eppie, ils étaient forcés d’en reconnaître la remarquable fermeté, et disaient à Silas que si elle tournait bien, — ce qu’on ne pouvait