Page:Eliot - Silas Marner.djvu/254

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une chose étrange avec laquelle il ne pouvait avoir rien de commun. Tel est l’homme qui a une plante précieuse à laquelle il veut donner l’asile et la nourriture dans un sol nouveau : il pense à la pluie, au soleil, et à toutes les influences, en vue de son élève. Il cherche assidûment à connaître tout ce qui pourrait être utile, soit pour satisfaire aux besoins des racines pénétrantes, soit pour protéger la feuille et le bouton contre une agression dangereuse. L’amour de thésauriser, chez Marner, avait été complètement anéanti dès le commencement, par la perte de l’or qu’il amassait depuis longtemps. Les pièces qu’il avait gagnées ensuite lui paraissaient aussi inutiles que des pierres apportées pour terminer une maison soudainement ensevelie par un tremblement de terre. Le sentiment de la perte qu’il avait faite était pour lui un fardeau trop pesant pour que les anciens tressaillements de la satisfaction s’éveillassent encore au toucher des pièces nouvellement acquises. Désormais, quelque chose était venu remplacer son trésor, — quelque chose qui, en donnant à ses gains un but croissant, attirait sans cesse en avant, au delà de l’argent, ses espérances et ses joies.

Dans les anciens jours, il y avait des anges qui venaient prendre les hommes par la main et les éloignaient de la cité de la destruction. Maintenant, nous ne voyons plus de messagers ailés. Mais, cependant, des hommes sont encore conduits loin de la destruction imminente : une main est placée dans la