Page:Eliot - Silas Marner.djvu/268

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vait le mieux tenir lieu de fourneau, puisque Silas n’avait jamais voulu permettre qu’on en ajoutât un, non plus qu’une grille, au nombre de ses commodités. Il aimait son vieil âtre de briques, comme il avait aimé sa cruche brune ! Cet âtre n’était-il pas là lorsqu’il avait trouvé Eppie ? Les dieux du foyer existent encore pour nous. Que toute nouvelle foi tolère ce fétichisme, de peur qu’elle ne meurtrisse ses propres racines !

Silas dîna plus silencieusement qu’à l’ordinaire, et mit bientôt là son couteau et sa fourchette, pour suivre d’un regard à moitié distrait, Eppie qui jouait avec le terrier Snap et la chatte, ce qui faisait du dîner de la jeune fille une besogne assez longue. Mais c’était un spectacle qui pouvait bien arrêter les pensées vagabondes : Eppie, avec les ondulations rayonnantes de ses cheveux, avec son menton et son cou rondelets, dont la blancheur était rehaussée par sa robe de coton d’un bleu foncé, riait gaiement, tandis que le petit chat, s’accrochant des quatre pattes à l’une des épaules de la jeune fille, formait, pour ainsi dire, le modèle de l’anse d’un vase. En même temps, Snap du côté droit, et la chatte de l’autre, tendaient les pattes vers un morceau qu’Eppie tenait hors de leur portée à tous deux. Snap se désistait par intervalles, afin d’adresser des remontrances à la chatte sur sa gloutonnerie et la futilité de sa conduite, en faisant entendre un grognement bruyant et désagréable, jusqu’à ce que la jeune fille, se laissant