Page:Eliot - Silas Marner.djvu/304

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— Oh non, j’espère qu’il n’y a rien de grave, dit Nancy. C’est peut-être le taureau de M. Snell qui s’est échappé de nouveau, comme il l’a déjà fait.

— Je souhaite qu’il ne donne des coups de cornes à personne, alors, voilà tout, » dit Jeanne, ne méprisant pas tout à fait une hypothèse grosse de calamités imaginaires.

« Cette fille est toujours à m’effrayer, » pensa Nancy ; je voudrais bien que Godfrey fût de retour.

Elle alla à la fenêtre du devant, et jeta ses regards sur la route aussi loin que possible, avec une inquiétude qu’elle considéra bientôt comme un enfantillage. En effet, il n’y avait alors aucun des signes d’agitation dont Jeanne avait parlé, et il était probable que Godfrey, au lieu de prendre la route du village, reviendrait plutôt à travers les champs. Elle resta debout, cependant, à regarder le cimetière paisible : les ombres des tombes s’allongeaient sur les tertres de gazon d’un vert brillant, et, plus loin, les arbres du presbytère étaient revêtus des vives couleurs de l’automne. En face d’une beauté si calme de la nature, la présence d’une crainte vague se fait sentir plus vivement : c’est comme le corbeau qui bat lentement de Faite en sillonnant l’air ensoleillé. Nancy désirait de plus en plus le retour de Godfrey.