Page:Eliot - Silas Marner.djvu/313

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table, éclairé par une chandelle, se trouvait l’or retrouvé, l’or longtemps aimé, disposé en piles régulières, ainsi que Silas avait coutume de le faire aux jours où ce métal était sa seule joie. Il venait d’apprendre à Eppie comment il avait l’habitude de le compter tous les soirs, et quelle avait été la désolation extrême de son âme, avant que sa fille lui fût envoyée.

« Tout d’abord, il me venait de temps en temps, lui disait-il à voix basse, comme une sorte de pressentiment que vous pourriez reprendre la forme de mon or ; car parfois, partout où je tournais la tête, il me semblait voir le trésor ; et je pensais que je serais heureux de pouvoir le toucher et de trouver qu’il était revenu. Mais cela ne dura pas. Après un petit bout de temps, j’aurais pensé que j’étais frappé d’une nouvelle malédiction, si l’or vous avait éloigné de moi. J’en étais arrivé à sentir le besoin de vos regards, de votre voix et du toucher de vos petits doigts. Vous ne saviez pas, Eppie, alors que vous étiez si petite, vous ne saviez pas ce que votre vieux père Silas ressentait pour vous.

— Mais je le sais maintenant, mon père, dit Eppie. Sans vous, on m’aurait portée à l’asile des pauvres, et il n’y aurait eu personne pour m’aimer.

— Ah, ma chère mignonne, la bénédiction a été pour moi. Si vous ne m’aviez pas été envoyée pour me sauver, je serais descendu dans la tombe avec ma misère. L’argent m’a été enlevé à temps, et vous voyez qu’il a été conservé, jusqu’à ce que nous en