Page:Eliot - Silas Marner.djvu/70

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se formait ; plus tôt il atteindrait la route, mieux cela vaudrait. Il se souvint de l’avoir traversée et d’avoir vu le poteau indicateur quelques instants seulement avant qu’Éclair s’abattit. Alors, boutonnant son habit et enroulant solidement la lanière de son fouet de chasse autour du manche, il frappa le revers de ses hottes de l’air d’un homme maître de lui-même, comme pour se persuader qu’il s’attendait bien à ce qui venait d’arriver. Il partit ensuite avec l’idée qu’il entreprenait un remarquable exploit d’activité physique, qu’un certain jour il ne manquerait pas d’embellir et d’amplifier d’une manière ou de l’autre, à la grande admiration d’une société d’élite, à l’auberge de l’Arc-en-Ciel. Lorsqu’un jeune monsieur comme Dunsey en est réduit à un genre de locomotion aussi exceptionnel que celui d’aller à pied, le fouet à la main est le palliatif désirable du sentiment trop confus — trop semblable à un rêve — que lui fait éprouver sa situation inusitée ; et Dunstan, à mesure qu’il s’avançait à travers le brouillard croissant, frappait toujours quelque part avec son fouet. C’était le fouet de Godfrey. Il lui avait plu de le prendre sans permission, parce que le manche avait une poignée d’or. Naturellement, on ne pouvait remarquer, lorsque Dunsey l’avait à la main, que le nom Godfrey Cass était gravé en caractères creux sur cette poignée : on voyait simplement que ce fouet était très beau. Dunsey n’était pas sans craindre qu’il lui arrivât de tomber sur quelqu’un de