Page:Eliot - Silas Marner.djvu/81

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qui tombe dans des eaux ténébreuses, cherche momentanément à mettre le pied même sur les pierres glissantes, et Silas, en agissant comme s’il croyait à de fausses espérances, reculait le moment du désespoir. Il chercha dans tous les coins ; il retourna son lit, le secoua et le pétrit ; puis il regarda dans le fourneau de briques où il mettait sécher son petit bois. Lorsqu’il n’y eut plus aucune autre place à visiter, il s’agenouilla de nouveau et fouilla encore une fois tout autour du trou. Il ne lui restait plus aucun refuge inexploré qui le protégeât un instant contre la terrible vérité.

Si, il y avait une sorte de refuge qui se présente toujours quand la pensée succombe sous une passion qui l’accable : c’était cette attente des impossibilités, cette croyance aux images contradictoires qui est cependant distincte de la folie, parce que la réalité du fait extérieur peut la faire disparaître. Silas se releva de dessus ses genoux en tremblant, et regarda autour de la table : — l’or ne serait-il pas là, après tout ? La table était nue. Alors, il se retourna et regarda derrière lui, — il regarda tout autour de sa chambre, paraissant distendre ses yeux bruns pour voir si, par hasard, les sacs n’apparaîtraient pas dans les endroits où il les avait déjà cherchés vainement. Il pouvait distinguer tous les objets de sa chaumière, mais son or n’y était pas.

Il porta de nouveau ses mains tremblantes à sa tête, et poussa un cri sauvage et retentissant, le cri