Page:Elzenberg - Le Sentiment religieux chez Leconte de Lisle, 1909.djvu/136

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Le culte célébré dans Hypatie est le culte grec ; dès 1840, Leconle de Lisle apparaît en contact avec la Grèce et sa religion. Au commencement, il ne semble guère y voir ce qu’on appelle vraiment une religion, quelque chose qu’on puisse opposer au christianisme par exemple ou au buddhisme, mais plutôt une pure et simple mythologie : de belles légendes poétiques où figurent des Dieux et des demi-dieux. Puis il s’élève à ce qu’il appelle les théogonies, entendant sous ce nom la mythologie systématisée et pénétrée d’un peu de philosophie, et essaie d’en dégager les caractères généraux, mais sans y mettre de chaleur, et en historien plus qu’en poète[1]. Mais l’intérêt pour la religion en soi grandit peu à peu, jusqu’à ce qu’il triomphe dans Hypatie : là, les Dieux sont sentis comme Dieux, et non comme héros de légendes. Les deux principales religions qu’il a devant lui sont donc le christianisme et le paganisme

    « il suit à l’horizon l’astre de ses aïeux » ont été presque répétés dans le Barde de Temrah :

    Il en est qui, hantés de songes immuables,
    Suivent l’ancien soleil qui décroît dans les cieux.

  1. Voy. surtout Niobé, qui « symbolise une lutte fort ancienne entre les traditions doriques et une théogonie venue de Phrygie ». [Préfaça des Poèmes antiques.] Cf. aussi cette déclaration de la notice placée en tête des fragments de Khiron parus dans la Phalange sous le titre Orphée et Chiron : « la seconde partie a pour objet le mouvement théogonique et ’héocralique du monde oriental ».