Page:Elzenberg - Le Sentiment religieux chez Leconte de Lisle, 1909.djvu/137

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grec, et ce seront en effet les deux centres de sa poésie religieuse.

Au commencement, il rapproche à iout instant l’un de l’autre ; mais, tout en faisant ressortir leurs caractères opposés, c’est pour les réunir dans une sympathie impartiale ; ni il n’aime la Grèce en haine du christianisme, ni il ne hait le christianisme par amour de la Grèce. Malgré la parenté intime qu’il découvre entre l’idéal grec et ses propres conceptions, il refuse toujours de l’exalter au-dessus de l’idéal chrétien. L’esprit fouriériste, sur bien des points, n’était pas éloigné de l’esprit chrétien ; Fourier se recommandait de l’esprit évangélique, prétendant même continuer l’œuvre de Jésus-Christ, et ses disciples insistaient volontiers sur cette sorte de filiation entre les deux doctrines[1]. Leconte de Lisle

  1. Pour l’opinion de Fourier, voy. Bourgin, op. cit., p. 196 et 197. « Le monde a besoin, non pas d’une réforme religieuse, mais d’un retour à l’esprit religieux, à la défiance des dogmes philosophiques, à la confiance aux promesses de Jésus-Christ. » [La fausse industrie, t. II, p. 515.] Le régime fouriériste, « c’est le royaume de Dieu et de justice, selon la vraie pensée et selon la promesse de Jésus ». — Pour les opinions de l’École, ibid., p. 440, n. 5, toute une suite de citations : « identité avec le but du christianisme » ; « nous sommes les disciples du Christ, nous demandons ce qu’il réclamerait s’il renaissait à notre époque » ; « chaque pas que nous faisons dans la science sociale est un pas qui nous amène au christianisme » ; p. 457, n. 4, une seconde série, par exemple ceci : « nous avons à réaliser une démocratie chrétienne ».